Base de connaissances Pôle Santé

Les pré-adolescents et adolescents peuvent se montrer moralisateurs, voire condamner vigoureusement le tabac, l'alcool ou les drogues, juger sévèrement les fumeurs ou les alcooliques. Cela ne suffit pas à garantir qu'ils ne deviendront jamais consommateurs eux-mêmes. La prétention à exercer une certaine maîtrise sur soi et son environnement est une des caractéristiques de l'adolescence. De ce fait, les jeunes, encore plus que les autres usagers, sont persuadés de tout contrôler, et notamment leur consommation de tabac (" j'arrête quand je veux "). De plus, les méfaits du tabagisme restent éloignés des préoccupations des jeunes qui vivent au temps présent et ne se sentent pas concernés par la maladie ou la mort : ils se croient éternels. Cette attitude est renforcée par l'impression qu'ils retirent de la cigarette des bénéfices importants. En effet, la cigarette est un moyen de se sentir adulte, de rencontrer les autres plus facilement, de séduire, de tester l'autorité, de s'imposer auprès de leurs camarades, d'acquérir une place dans un groupe, etc. Elle peut aussi être un défit aux interdits imposés par les parents (" Je fume si je veux "). Il ne faut donc pas oublier que les arguments habituellement invoqués (la santé, par exemple) ne suffiront pas à convaincre un jeune de ne pas fumer.

Les parents peuvent parler ouvertement du tabac avec leurs enfants à partir de 8 ou 9 ans. Mais il n'y a pas de règles valables pour tous. Ce qui compte avant tout, c'est d'avoir une attitude ouverte et de signifier clairement à l'enfant que ses parents sont prêts à en parler avec lui à tout moment s'il le désire.

Bien loin d'interdire pour interdire, il s'agit avant tout de dialoguer avec ses enfants : l'autorité, dans ce domaine, doit surtout s'exercer dans et par le dialogue. C'est pourquoi il est important d'instaurer un climat de confiance qui permette d'aborder sans réticence les sujets qui préoccupent les jeunes. Ceux-ci seront ainsi amenés à poser des questions et ils seront en mesure de recevoir des conseils aussi bien sur le tabac que sur la scolarité, les flirts, le sport, les relations avec leurs amis. Même si les adolescents manifestent parfois une volonté de s'opposer à l'autorité ou au discours moral, ils ont besoin de repères afin de pouvoir orienter leurs choix. Grâce à la conversation et au dialogue, l'adolescent peut comprendre les dangers liés à tel type de situation, de comportement ou d'expérience, même s'il ne les a pas encore lui-même vécus. Il convient d'ailleurs de ne pas minimiser ses problèmes et ses difficultés, mais aussi de saisir les occasions de le féliciter ou de l'encourager sur ses choix. Et au-delà des informations qui peuvent lui être données sur le tabac et sa nocivité, il s'agit surtout de s'interroger avec lui sur les raisons qui l'ont amené à fumer et de chercher à développer ses propres ressources.

• Essayer de maintenir l'interdit à la maison et d'en expliquer la raison. L'interdit limite les occasions de fumer et permet de retarder l'installation de la dépendance. Il pourra peut-être favoriser la décision d'arrêter de fumer.
• Informer son enfant sur les aides possibles : les substituts nicotiniques peuvent être utilisés à partir de l'âge de 15 ans.
• Lui proposer de consulter un médecin ou de prendre un rendez-vous dans une consultation spécialisée en tabacologie.
• Voir avec lui combien il dépense en cigarettes et ce qu'il pourrait s'offrir pour la même somme s'il arrêtait de fumer.
• Et maintenir le dialogue à tout prix.

Il faut savoir que de plus en plus de jeunes, en fin d'adolescence, expriment le souhait d'arrêter de fumer.

Les substituts nicotiniques peuvent être utilisés pour aider les jeunes qui sont physiquement dépendants du tabac à partir de l'âge de 15 ans. Ces traitements sont en vente libre dans les pharmacies. Ils ont fait l'objet de nombreuses recherches prouvant leur efficacité : ils doublent, voire triplent les chances de succès à un an. En ce qui concerne le Zybanâ (Bupropion), il ne peut être prescrit qu'aux personnes de plus de 18 ans. Son utilisation comporte des contre-indications et précautions d'emploi à respecter

La loi Evin interdit de fumer dans l'ensemble des locaux à usage collectif, clos ou ouverts. Les écoles, lycées, universités sont donc soumis à la même règle : interdiction de fumer en dehors des fumoirs. L'interdiction de vendre du tabac aux mineurs de moins de 16 ans a été votée en France le 24 juillet 2003. Elle entrera en vigueur lorsque son décret d'application sera publié, probablement en 2004. Cette loi comprend aussi tout un ensemble de mesures visant à lutter contre le tabagisme des jeunes : interdiction de vendre des paquets de moins de dix-neuf cigarettes, interdiction de faire de la publicité en faveur du papier à cigarette, obligation pour les écoles d'informer les jeunes sur les méfaits du tabagisme, etc.

Les jeunes sont une cible prioritaire pour les fabricants de cigarettes car ce sont eux qui assureront les profits de demain :

Pour attirer les jeunes, l'industrie développe des stratégies de marketing très étudiées :

• création de marques de vêtements (Marlboro Classics, par exemple) ou d'événements sportifs (Camel Trophy, Raid Gauloise, etc.) ;
• vente de paquets de dix cigarettes, dont le prix est plus à la portée des jeunes ;
• adaptation du design des paquets aux codes de communication des jeunes ;
• utilisation des stars pour faire valoir le produit ;
• distribution d'échantillons gratuits, organisation de jeux-concours, parrainage de soirées en boîtes de nuit, etc.

Pour en savoir plus :

Braconnier A. Le guide de l'adolescent de 10 à 25 ans. Paris : Odile Jacob, 1999.

Michaud P.-A., Alvin P. Approches, soins, prévention. Lausanne : Payot, 1997.

Réalisé en collaboration avec l'Office français de prévention du tabagisme (OFT)