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BURN OUT : syndrome d'épuisement professionnel

24h/24 ; 7j/7

Une assistance téléphonique pour les médecins libéraux en souffrance

Stress, violence physique ou verbale des patients, surcharge de travail, altération de la relation médecin-malade : alimenté par des causes multiples, le burn out, ou syndrome d'épuisement professionnel, frappe de plus en plus de praticiens de ville. L'Association d'aide professionnelle aux médecins libéraux (Aapml) met en place à compter du 1er juin une assistance psychologique par téléphone, anonyme et gratuite, avec le renfort de psychologues cliniciens. Expérimenté en Ile-de-France grâce à une subvention du Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (Faqsv), ce service pourrait ensuite être étendu à toute la France.

VIDÉS, LESSIVÉS, démotivés, enclins à dévisser leur plaque au bout de dix ans d'activité, bref, au bout du rouleau : plus que d'autres corps de métiers, les médecins libéraux, et principalement les généralistes, sont aujourd'hui victimes de burn out, ce syndrome d'épuisement professionnel qui associe abattement émotionnel, dépersonnalisation et réduction de l'accomplissement personnel. Après plusieurs années de diagnostic et diverses études qui ont révélé la souffrance psychologique et/ou le surmenage des soignants (lire par ailleurs), le temps de la prise en charge spécifique semble venu, du moins à titre expérimental. L'Association d'aide professionnelle aux médecins libéraux (Aapml), créée en 2004, présente aujourd'hui un " service d'accompagnement et de soutien " pour les médecins libéraux franciliens en difficulté psychologique dans l'exercice de leur profession. Cible potentielle : 25 000 praticiens libéraux exerçant en Ile-de-France.

Numéro Vert :
Opérationnel à compter du 1er juin (tous les jours, 24 heures sur 24), ce dispositif consiste en une assistance psychologique par téléphone, anonyme et confidentielle, via un numéro gratuit.

Le cas échéant, le médecin sera orienté vers un psychologue proche de son domicile " pour une prise en charge plus globale ". On ne commence en aucun cas une psychothérapie par téléphone.

Cette plate-forme, qui utilise la logistique de la société Psya, spécialisée dans la prévention et la gestion des risques psychosociaux, sera animée par une dizaine de psychologues cliniciens, spécialement formés à l'écoute des médecins.

Elle fonctionne pour la 1ère année grâce à une subvention de 273 000 euros du Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (Faqsv), mais ses promoteurs espèrent l'aide de sponsors. Le dispositif fera l'objet d'une évaluation externe et pourrait ensuite être étendu à la France entière. " C'est très novateur, affirme le Dr Eric Galam, généraliste, médecin coordonnateur de l'Aapml. On sait depuis des années que l'aide au médecin en tant que tel correspond à un réel besoin mais aucun outil n'a été mis en place. Nous allons toucher un tabou, qui permettra d'aller plus loin sur la qualité des soins, le respect des référentiels ".
L'enjeu est de taille : de l'avis des spécialistes, les médecins en situation de burn out ont tendance à rester " dans leur coin ", sans consulter personne, et surtout pas un confrère. Ils continuent d'exercer leur art dans un état dépressif, au risque d'altérer davantage la relation médecin/malade. Parmi les diverses composantes du burn out, c'est en effet la dépersonnalisation (qui se traduit par des attitudes impersonnelles, négatives ou cyniques envers les patients) qui progresse actuellement chez les médecins, comme l'explique le psychologue social Didier Truchot (voir ci-dessous). La qualité des soins dispensés, le respect des bonnes pratiques sont également en jeu. " Comment voulez-vous qu'un médecin à bout de forces puisse réagir devant un patient qui réclame des antibiotiques ou exige un scanner ? ", demande le Dr Régis Mouries, président de l'Aapml.
Or, contrairement au milieu de l'entreprise où existent (parfois) des dispositifs d'écoute pour les cadres surmenés, les médecins ne disposent d'aucune structure adaptée. Le Dr François Baumann, président fondateur de la Société française thérapeutique des généralistes (Sftg), qui travaille depuis des années sur le burn out des médecins, est convaincu pour sa part que la FMC est un " instrument de lutte contre le burn out ". Encore faut-il privilégier des formations centrées sur " une pédagogie active, des rencontres et des échanges au sein de groupes de pairs, groupes de paroles où les médecins constatent qu'ils ont tous les mêmes problèmes ", mais aussi des sujets " adaptés " sur l'éthique médicale ou les relations humaines, par exemple. " Nous sommes confrontés à un déni de burn out, souligne-t-il. Pour le médecin, la solution passe par une meilleure connaissance de soi. Exercer en 2005 sans faire cette démarche, c'est aller au casse-pipe ".