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QU'EST-CE QUE LA GRIPPE AVIAIRE ?

INTRODUCTION

MODULE : LA GRIPPE DU POULET

MODULE : LA TRANSMISSION A L'HOMME

 

PRINCIPES GENERAUX DE PREVENTION

INTRODUCTION
MODULE : LES MASQUES MEDICAUX

MODULE : RAPPEL DE CONSEILS D'HYGIENE

MODULE : VACCINS

 

 

 

QU'EST-CE QUE LA GRIPPE AVIAIRE ?

 

INTRODUCTION

On sait qu'un virus de la grippe connu pour toucher les oiseaux -d'où son nom de grippe aviaire- peut se transmettre exceptionnellement directement de l'oiseau à l'homme. La grippe aviaire chez l'homme est une maladie grave, mortelle dans la plupart des cas observés. En 2004 cependant, aucun cas de transmission interhumaine n'a été signalé.

D'autre part, ce virus de la grippe aviaire est aussi redouté parce qu'il fait craindre un risque de pandémie. On sait en effet que les virus de la grippe humaine et aviaire sont capables de s'échanger leur matériel génétique et de fusionner pour créer de nouveaux virus très contagieux...

Dans ces conditions, on pourrait assister à une pandémie grippale, c'est-à-dire à une très large épidémie frappant toutes les tranches d'âge, y compris les populations en bonne santé, et très contagieuse puisque le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire.

 

MODULE : LA GRIPPE DU POULET

(intervenant Véronique Jestin, AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments)

A l'AFSSA, l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, Véronique Jestin est spécialiste des maladies des volailles et notamment de la grippe du poulet, désormais connue sous le nom de grippe aviaire.

Véronique Jestin :

« La grippe du poulet est la forme grave d'une infection virale qui touche de multiples espèces d'oiseaux à la fois sauvages et domestiques. Alors que chez les oiseaux sauvages l'infection est la plupart du temps inapparente, chez les oiseaux domestiques, selon les espèces concernées, et selon la virulence du virus, on peut avoir des formes modérées jusqu'à des formes très graves.

Les formes graves entraînent une mortalité très soudaine et brutale : en 24 ou 48 heures, 100% d'un troupeau de 20 000 volailles peut être décimé. Le virus de la grippe aviaire peut également infecter d'autres espèces animales : les mammifères et notamment le porc, mais également les félins (le léopard, le guépard mais aussi les animaux domestiques comme le chat) .

Chez ces animaux, notamment chez le porc, l'infection est inapparente, sans symptômes, ce qui est d'autant plus dangereux que l'homme peut côtoyer sans le savoir des animaux infectés. »

Il faut donc limiter au maximum les possibilités de transmission du virus qui manifestement a infecté d'autres espèces animales que les volailles.

Véronique Jestin :

« Compte tenu de la contagiosité du virus, à partir du moment où un élevage est infecté, il y a un fort risque que le virus diffuse à d'autres élevages et que le nombre de cas se multiplie, et de ce fait crée une épizootie, c'est-à-dire une épidémie chez les volailles avec un virus qui circule et qu'on ne peut plus contrôler. Aux Pays-Bas en 2003, environ 250 cas ont été recensés, mais actuellement, au Vietnam, depuis le début de cette épizootie, c'est-à-dire depuis fin 2003, on a recensé plus de 1500 cas. Bien entendu, le nombre de cas est à moduler : il y a très peu d'élevages industriels, en revanche il y a énormément de petits élevages de type familial qui sont comptabilisés. »

Les premières mesures sont donc l'abattage. Ainsi, pour le seul premier semestre 2004 en Asie, ce sont plus de 100 millions de volailles qui étaient abattues, tandis que l'année précédente aux Pays-Bas, elles étaient 30 millions. Des mesures donc fondamentales pour limiter l'épizootie, mais elles ne

suffiraient pas à elles seules.

Véronique Jestin :

«A partir du moment où un cas est recensé, il existe ce qu'on appelle des plans d'urgence qui prévoient toutes les mesures à prendre en vue de tarir la source, contenir le foyer pour éviter une diffusion plus large. Cela va passer bien entendu par l'abattage des volailles infectés, par l'élimination de tous les produits qui pourraient être contaminés, la désinfection de cet élevage, mais également par la définition d'une zone en périphérie de cet élevage pour recenser tous les élevages contenant des espèces sensibles, surveiller les symptômes cliniques qui pourraient apparaître dans ces élevages, éventuellement même faire un abattage préventif pour diminuer le nombre de volailles sensibles et élever une sorte de barrière pour éviter que le virus ne se propage.

 

 

 

 

 

MODULE : LA TRANSMISSION A L'HOMME

(intervenant Jean-Claude Manuguerra, Institut Pasteur, CIBU (Cellule Biologique d'Intervention d'Urgence)

En 1997, malgré l'abattage de plusieurs millions de volailles en Asie, la grippe du poulet se transmettait à l'homme avec 18 cas déclarés et 6 morts à Hong Kong. Et en 2004, alors qu'un cas était signalé au Japon, 44 l'étaient en Thaïlande et au Vietnam, faisant 32 victimes. A l'Institut Pasteur, à Paris, au sein de la CIBU, la Cellule Biologique d'Intervention d'Urgence, le Dr Jean-Claude Manuguerra fait le point sur ce que l'on sait aujourd'hui de la possibilité de transmission de la grippe aviaire à l'homme.

Jean-Claude Manuguerra :

« Aujourd'hui la transmission du virus de l'oiseau à l'homme est un événement qui est rare mais possible sous certaines conditions. En fait le virus de l'oiseau est un virus qui pour l'instant se transmet mal à l'homme. Pour qu'il puisse se transmettre, parmi les conditions qui doivent être réunies, on

peut dire qu'il faut que la quantité de virus soit relativement importante et qu'elle puisse atteindre l'appareil respiratoire de l'homme. On peut aussi se contaminer avec des oiseaux qui ont été tués il y a peu de temps: un des moments critiques est la préparation de ces oiseaux et notamment le plumage. C'est un moment particulier puisqu'on va, en plumant l'oiseau, remettre la fiente séchée de ce même oiseau en suspension, et c'est là qu'on risque de se contaminer massivement. »

Mais dans l'hypothèse où le risque de transmission interhumaine existerait, il faudrait nécessairement qu'un certain nombre de conditions soient réunies.

Jean-Claude Manuguerra :

« Pour que le virus puisse se transmettre d'homme à homme dans une chaîne épidémique efficace, il faut qu'il change par rapport à ce qu'il est aujourd'hui. Les virus ont plusieurs façons de varier, celle qu'on connaît tous les ans qui est « la mutation », c'est-à-dire des erreurs au moment de leur multiplication, mais il y a un autre mode de variation qui est beaucoup plus spectaculaire et qui a des conséquences extrêmement importantes, c'est la cassure. Il s'agit dans ce cas du changement complet d'un gêne par un autre! »

En fait, si l'on schématise, il faut imaginer un virus d'oiseau, par exemple de couleur rouge, et un virus humain de la grippe saisonnière qui, lui, serait bleu. Imaginons alors qu'à un moment donné, ce virus rouge et ce virus bleu se retrouvent chez le même homme...

Jean-Claude Manuguerra :

« On peut avoir alors à ce moment-là un accident génétique qui va faire que les virus vont se mélanger pour créer un virus rouge à l'extérieur qui va rester oiseau, mais qui va prendre des ingrédients au virus humain à l'extérieur. Et c'est cette modification du virus qui va en faire un virus hybride qui va le rendre capable d'affecter une grande proportion de la population et de commencer une pandémie. »

Ce serait donc une nouvelle forme de grippe. En effet pour l'instant, chaque hiver, lorsqu'un virus de la grippe saisonnière arrive sur le territoire français, il rencontre dans la population une certaine résistance due soit à la vaccination, soit à une exposition préalable de certains individus à la grippe. Et pourtant, chaque hiver, 5 à 15% de la population, parce qu'ils sont non immunisés, non protégés, sont frappés par l'épidémie de grippe.

Jean-Claude Manuguerra :

« L'épidémie caractérise en fait une dynamique. On va parler d'épidémie lorsqu'on va avoir une chaîne de transmission d'un agent infectieux d'un individu à un autre, qui va à un moment s'emballer, et créer un nombre de cas important et assez concentré pour ce qui concerne la grippe. Cette épidémie de grippe va avoir plusieurs phases: une phase de démarrage avec un nombre de cas peu important, puis le nombre cumulé va devenir très important jusqu'à atteindre un pic. Enfin, après ce pic, on va avoir une décroissance. C'est la dynamique normale d'une épidémie de grippe: la naissance, le pic et la mort de l'épidémie. »

En revanche, dans le cas d'un nouveau virus d'origine aviaire, parce que l'immunité de la population serait faible ou nulle, on pourrait avoir affaire non pas à une épidémie, mais à une pandémie, c'est-à-dire à une explosion du nombre de cas sur toute la planète.

Jean-Claude Manuguerra :

«Donc ce territoire de conquête pour le virus va être le monde entier, et il va le conquérir en peu de temps, en moins d'un an et demi, si l'on en juge par les pandémies passées. Et dans ce cas c'est une épidémie globale, à l'échelle mondiale immédiatement. »

M ais si le nombre de malades dépend du degré de contagiosité du virus, le nombre de morts, lui, est directement lié à sa virulence. Et l'on peut très bien imaginer un virus hautement transmissible mais peu virulent, qui engendrerait de nombreux cas, mais avec un taux de mortalité très faible.

Jean-Claude Manuguerra :

« Mais en tout état de cause, on peut penser que la virulence de ce virus de grippe aviaire, même si elle s'atténue au cours du temps, s'il passe chez l'homme, devrait être supérieure à la virulence que l'on observe dans les épidémies de grippe habituelles. Dans l'Histoire, les pandémies ont toujours été associées à un nombre très important de morts. La pandémie la plus faible que nous ayons vécue, la dernière du 20è siècle, a fait entre 1 et 2 millions de morts en à peu près 18 mois. En revanche, la pandémie de grippe espagnole a fait entre 20 et 40 millions de morts alors que la population mondiale était beaucoup moins importante qu'aujourd'hui.

Et donc la crainte de la pandémie c'est effectivement:

1) que le nombre de personnes infectées soit extraordinairement élevé: plusieurs centaines de

millions parce que nous aurons affaire à un virus que nous n'aurons jamais rencontré avant et qui donc ne rencontrera pas de barrières pour l'empêcher de se diffuser largement;

2) parmi les malades, il y aura une proportion atteinte très sévèrement qui va mourir de cette grippe, en sachant que la population mondiale a beaucoup augmenté depuis le début du 20è siècle et que le virus est un virus qui pour l'instant est sévère dans la maladie qu'il provoque. »

 

PRINCIPES GENERAUX DE PREVENTION

INTRODUCTION

On sait qu'un virus de la grippe connu pour toucher les oiseaux - d'où son nom de grippe aviaire - peut se transmettre exceptionnellement directement de l'oiseau à l'homme. La grippe aviaire chez l'homme est une maladie grave, mortelle dans la plupart des cas observés. En 2004 cependant, aucun cas de transmission interhumaine n'a été signalé. D'autre part, ce virus de la grippe aviaire est aussi redouté parce qu'il fait craindre un risque de pandémie. On sait en effet que les virus de la grippe humaine et aviaire sont capables de s'échanger leur matériel génétique et de fusionner pour créer de nouveaux virus très contagieux... Dans ces conditions, on pourrait assister à une pandémie grippale, c'est-à-dire à une très large épidémie frappant toutes les tranches d'âge, y compris les populations en bonne santé, et très contagieuse puisque le virus de la grippe se transmet essentiellement par voie respiratoire. On comprend donc bien que le respect de certaines règles d'hygiène apparemment classiques est indispensable et doit être systématique.

 

MODULE : REGLES D'HYGIENE

(intervenant Anne Mosnier, GROG [Groupe Régional d'Observation de la Grippe]) Le Docteur Anne Mosnier appartient aux GROG, les Groupes Régionaux d'Observation de la Grippe. Elle fait le point sur les modes de transmission du virus de la grippe aviaire.

Anne Mosnier :

« Le virus de la grippe aviaire se transmet comme tout virus de la grippe qui circule tous les hivers. Le mode de transmission, c'est surtout la voie aérienne. A chaque fois que le malade va tousser ou éternuer, ce qui est très fréquent dans ces maladies respiratoires, il va projeter à près de 2 mètres des

« gouttelettes » contenant des virus qui vont passer chez ceux qui l'entourent. Quant on se retrouve dans une pièce avec un malade qui tousse et qui éternue, même s'il met sa main devant la bouche ou devant le nez, il y aussi des virus qui vont aller dans l'air. Donc toute atmosphère confinée, une pièce fermée, une pièce étroite, fait qu'il y a du virus dans l'air et qu'on peut l'attraper. »

Il faut donc s'en protéger et le meilleur moyen, c'est de respecter les règles d'hygiène classiques, trop souvent oubliées.

Anne Mosnier :

« La première chose, c'est lorsqu'on tousse, on met sa main devant sa bouche, et on se lave les mains le plus souvent possible puisqu'il y a du virus sur les mains à ce moment-là ; pareil quand on va éternuer : il faut prendre un mouchoir jetable de préférence, se moucher, jeter le mouchoir et si on peut se laver à nouveau les mains. Ce n'est pas toujours facile, mais le plus souvent possible dans la journée on doit se laver les mains très soigneusement avec du savon pour enlever les virus qui vont être sur les mains. »

Manifestement, parmi les règles d'hygiène impératives, le lavage des mains apparaît donc comme essentiel.

Anne Mosnier :

« Les mains, c'est un mode de transmission d'énormément de virus, et aussi du virus de la grippe bien entendu. Et puis ces mains, si on ne les lave pas, elle vont toucher les poignées de portes, les tables, etc., et on sait bien que pendant un petit moment le virus résiste et qu'il est sur ces poignées, sur ces tables, sur ces objets qu'on va se passer les uns les autres. Bien entendu, il ne faut pas non plus cracher par terre, il y a encore trop de gens qui le font de nos jours : on doit cracher dans un mouchoir en papier, à usage unique, qu'on jette ensuite à la poubelle avant d'aller se laver les mains. »

Les conseils d'hygiène sont donc extrêmement simples à mettre en ouvre. Tout au plus faut-il se discipliner et se contraindre à les respecter... En revanche, et c'est un problème que l'on rencontre chaque fois que le virus grippal circule, la distance maximum de transmission entre deux personnes est de 2 mètres ; en cas de pandémie de grippe aviaire, il faudra donc éviter les rassemblements de population pour limiter la transmission du virus.

Anne Mosnier :

«Si vous prenez le métro, vous voyez bien qu'il y a des gens qui toussent, des gens qui éternuent, donc il y a du virus dans l'air. Idem pour les salles de cinéma, les salles de concert, les matches - encore que les matches c'est souvent à l'extérieur et donc on peut imaginer que le virus va s'en aller plus facilement -, mais aussi des endroits auxquels on pense moins : Les enfants malades sont souvent moins symptomatiques : si on les laisse aller à l'école ou dans leur collectivité (au lycée, à la crèche, etc.), ils vont transmettre le virus à leurs petits camarades. Il faut donc prendre toutes les mesures de bon sens : lorsqu'on n'est pas malade, éviter tous les endroits de rassemblement, et lorsqu'on est malade éviter d'aller mettre son virus dans des endroits fermés et de le transmettre à d'autres gens. Et encore une fois, pour les salles d'attente, pour les crèches, etc., aérer régulièrement pour permettre à l'air de se renouveler et au virus de partir. »


MODULE : LES MASQUES MEDICAUX

(intervenant Jean-Claude Manuguerra, Institut Pasteur, CIBU (Cellule Biologique d'Intervention d'Urgence)

Pour ralentir la progression de l'épidémie, bien entendu les règles d'hygiène classiques sont indispensables et systématiques, à commencer par le lavage des mains qui doit être effectué au savon et très soigneusement. Mais il existe aussi une autre protection qui a déjà montré son efficacité dans des situations similaires. On se souvient par exemple, notamment lors de l'apparition du SRAS à Hong Kong, de toutes ces images de gens portant systématiquement des masques médicaux.  A l'Institut Pasteur, à Paris, au sein de la CIBU, la Cellule d'Intervention Biologique d'Urgence, le Docteur Jean-Claude Manuguerra fait le point sur cet autre moyen de se protéger.

Jean-Claude Manuguerra :

« Le masque est un instrument qui va constituer une barrière entre la source virulente qui est l'oiseau ou l'air contaminé, et l'appareil respiratoire puisque la grippe est une infection respiratoire aiguë dans ce cas-là. Et plus cette barrière est étanche, plus le masque va être efficace. Les masques qui peuvent être utilisés sont de 2 types : les masques chirurgicaux qui empêchent un individu infecté de contaminer son entourage ; et les masques de protection individuelle qui vont empêcher un individu sain de se faire contaminer par son entourage ou par une source virulente très importante. »

Donc d'un côté les masques chirurgicaux, grâce à une membrane imperméable, évitent le rejet du virus vers l'extérieur, et à l'inverse, les masques de protection individuelle permettent à un individu sain de le rester puisque grâce à plusieurs membranes filtrantes, il évitera d'inhaler le virus venant de l'extérieur.

Mais bien entendu, ces protections ne seraient d'aucune utilité si on ne respectait pas les conseils d'utilisation donnés par les fabricants dans leurs modes d'emplois.

Jean-Claude Manuguerra :

« Par exemple, le masque doit être ajusté, il faut bien le déplier, il faut faire attention que les élastiques sont bien tendus, bien en place. Pour ce qui concerne les masques de protection respiratoire, bien ajuster le pince-nez qui va rendre plus étanche ce masque et donc la contamination moins probable. Lorsqu'on a le masque sur la figure, il faut éviter de le toucher bien entendu, parce qu'on peut détériorer le matériau qui constitue ce masque, et puis surtout, puisque c'est une barrière avec laquelle on espère arrêter le virus s'il y en a, on risque de mettre du virus sur nos mains. Au moment où on enlève le masque, c'est pareil : il y a des zones qu'il ne faut pas toucher, et encore une fois il faut se reporter au mode d'emploi. »

Et bien entendu, il n'est pas inutile de le rappeler, il est impératif de se laver soigneusement les mains, et avant de mettre, et après avoir enlevé le masque ou l'appareil de protection respiratoire.


MODULE : RAPPEL DE CONSEILS D'HYGIENE

Avec le Docteur Jean-Claude Manuguerra, un bref rappel de quelques principes généraux de prévention, indispensables pour lutter contre la diffusion de la grippe aviaire.

Jean-Claude Manuguerra :

«Il est important d'avoir des comportements d'hygiène qui d'ailleurs sont ceux qu'on devrait avoir tous les jours. Pour ce qui concerne les maladies respiratoires, c'est une bonne ventilation des pièces en ouvrant les fenêtres régulièrement ; c'est aussi une bonne hygiène corporelle: le lavage des mains, et notamment lorsqu'on va toucher des animaux qu'on va préparer pour la cuisine - on se lave les mains avant et on se lave les mains après. Il faut aussi éviter de cracher, de jeter des mouchoirs en papier n'importe où, et encore une fois, si on doit serrer la main de quelqu'un après s'être mouché, on

essaie de se laver les mains entre-temps. Donc des règles de bon sens qui peuvent limiter au moins individuellement les risques de contamination ou diminuer la dose infectante. »

 

MODULE : VACCINS

(intervenant Sylvie Van Der Werf, Institut Pasteur)

La véritable arme que l'on cherche à mettre au point, c'est un vaccin, c'est à dire injecter une fraction du virus rendue inoffensive par des procédés biochimiques, de telle sorte qu'elle ne provoque pas la maladie elle-même, mais simplement une défense immunitaire spontanée de l'organisme humain contre cette maladie. Une solution qui a maintes fois fait ses preuves et sur laquelle on travaille,

notamment à l'Institut Pasteur où nous retrouvons le Docteur Sylvie Van Der Werf pour faire le point sur l'état actuel des recherches.

Sylvie Van Der Werf :

« La vaccination est dans tous les cas le meilleur moyen de se protéger contre une infection grippale. C'est vrai vis-à-vis de la grippe saisonnière et ce sera vrai vis-à-vis de la grippe aviaire. Toutefois il faut savoir que le vaccin qui protège vis-à-vis de la grippe saisonnière ne protègerait pas vis-à-vis d'un virus de la grippe aviaire qui aurait un potentiel pandémique. Il faudra pour cela élaborer un nouveau vaccin adapté au virus de la grippe aviaire pandémique. Cela suppose premièrement que l'on ait identifié le virus de la grippe aviaire responsable de la pandémie (il ne sera pas nécessairement identique au virus de la grippe aviaire qui circule à l'heure actuelle en Asie chez les volailles) ; deuxièmement, qu'à partir de ce virus pandémique on élabore une souche vaccinnale, qu'il va falloir ensuite produire en masse de façon à pouvoir distribuer les doses vaccinales. Et bien évidemment tout ceci prendra du temps,

de nombreux mois. Pendant ce laps de temps, le virus pandémique va circuler dans la population et va

également évoluer : il sera peut-être nécessaire de réadapter au fur et à mesure le vaccin contre le virus pandémique au virus qui circulera. Par ailleurs le temps de production des différentes doses qui seront nécessaires pour vacciner la population n'est pas incompressible : le nombre de doses qui peuvent être produites par jour est nécessairement limité, et donc le vaccin ne sera disponible qu'au fur et à mesure de sa production. »

Parce qu'un virus est un organisme vivant qui se modifie sans cesse, et qui peut se recombiner avec un autre pour en former un nouveau, l'élaboration d'un vaccin est extrêmement complexe. De plus, dans le cas de la grippe d'origine aviaire, il s'agira d'une véritable

course contre la montre.

Sylvie Van Der Werf :

« Le vaccin devra être administré en priorité aux personnes qui vont être les plus exposées au virus ou aux personnes qui vont être le plus à risque de faire une maladie sévère avec des complications. Parmi les personnes les plus exposées a priori au virus, on pense tout de suite bien évidemment au personnel médical qui aura à soigner les malades. Et pour ce qui est des personnes à risques, c'est quelque chose qu'on ne peut pas définir aujourd'hui : les personnes qui seront le plus à risque de grippe sévère liée à ce virus pandémique ne seront pas nécessairement celles qui sont le plus à risque

aujourd'hui dans le cas de la grippe saisonnière. »